*1. Le circuit du détournement : des devises aux pénuries*
*a) Le mécanisme officiel détourné*
– La Banque de la République du Burundi (BRB) alloue des devises aux importateurs de carburant via la SOPEBU.
– En pratique, des militaires, policiers et hommes d’affaires obtiennent ces devises à taux préférentiel sous couvert d’importations fictives. Ces devises sont ensuite revendues au marché noir avec des profits de 200 à 300 % .
*b) Conséquences sur l’approvisionnement*
– Les importateurs légaux (sans connexions politiques) n’obtiennent pas de devises car les stocks officiels épuisés.
– Comme résultat : la SOPEBU ne livre que 35 stations sur des centaines, alimentant des files d’attente de plusieurs jours.
*c) Preuves documentées*
– Discours présidentiels : Le chef de l’État admet que les “perturbateurs sont connus”, mais aucune sanction n’est appliquée .
– Témoignages : Un chauffeur anonyme révèle que des bouteilles de 1,5 litre d’essence se vendent entre 10 000 et 15 000 FBu (contre 4 000 FBu en officiel) .
*2. Le rôle des élites*
*a) Protection et impunité*
– Les hauts fonctionnaires contrôlent des dépôts clandestins de carburant.
– La police saisit occasionnellement des bidons chez des petits revendeurs, mais jamais chez les “gros poissons” .
*b) Complicité institutionnelle*
– La SOPEBU est accusée de corruption, avec des pots-de-vin exigés pour attribuer des quotas .
– La BRB ne publie pas la liste des bénéficiaires des devises, malgré les demandes de l’Observatoire OLUCOME .
*3. L’impact dévastateur sur la population*
*a) Explosion des prix et chaos social*
– Transport : Les trajets en minibus ont doublé (ex. : Bujumbura-Ngozi à 30 000 FBu) .
– Agriculture: à Cibitoke, les tomates et mangues pourrissent faute de transport vers les marchés .
– Fonctionnaires : Une infirmière marche 2 heures par jour pour économiser 3 000 FBu de transport .
– Quel rendement peut-on attendre ou exiger des employés qui arrivent tardivement et fatigués au travail?
*b) Réactions citoyennes sans effets*
– Des protestations de certaines organisations de la Société Civile restent timides.
– Les médias indépendants (comme Iwacu) sont les seuls à relayer la crise, sous pression constante .
*4. Pourquoi l’État ne agit-il pas ?*
*a) Enrichissement des élites*
– Les profits du marché noir alimentent des réseaux clientélistes proches du pouvoir.
– Exemple : des commerçants verreux et même des hauts fonctionnaires des corps consulaires revendent un litre d’essence à 50 000 FBu sur le marché noir (officiel : 4 000 FBu) .
*b) Dépendance géopolitique*
– Le Burundi dépend des importations via la Tanzanie, où des retards suspects sont signalés .
– Aucun crédit international n’est obtenu pour importer du carburant, faute de “bonne gouvernance” .
*5. Risques liés à la faiblesse de l’Etat*
La crise du carburant et des devises au Burundi n’est que *le symptôme d’un État affaibli*, incapable – ou refusant – de faire respecter ses propres lois. Quand les institutions sont gangrénées par la corruption et que certaines élites politiques deviennent intouchables le pays sombre dans un cercle vicieux :
*a) Économie paralysée**
– Les entreprises légales étouffent, pendant que les mafias prospèrent.
– C’est le cas du Nigeria des milliards de dollars de pétrole sont volés chaque année par des réseaux liés aux militaires.
*b) Paupérisation explosive*
– Les Burundais dépensent jusqu’à 50 % de leurs revenus dans le transport, faute de carburant officiel.
– Comme au Venezuela, où la pénurie organisée a poussé 7 millions de personnes à l’exil.
*c) Perte de souveraineté*
– Les décisions économiques sont dictées par des clans mafieux, non par l’intérêt national. C’est le cas en Haïti où les gangs contrôlent les ports et les réserves de carburant, asphyxiant l’État.
*d) Le piège de l’impunité**
– Tant que les hauts fonctionnaires et leurs complices financiers agiront en toute impunité, aucune réforme ne sera possible. Légions sont des fonctionnaires démis par décrets se retrouvent aussitôt dans des postes juteux.
– Pire : cette culture de la prédation décourage les investisseurs et les partenaires internationaux, isolant davantage le pays.
*Mais l’histoire montre que même les systèmes les plus verrouillés craquent*:
– En Guinée par exemple, la mobilisation citoyenne a fait chuter des barons de la corruption.
– Au Soudan, la pression populaire a forcé l’armée à lâcher du pouvoir.
*6. Solutions et appel à l’action*
*a) Mesures urgentes*
– Audit indépendant: des attributions de devises par la BRB.
– Publier les listes des bénéficiaires des quotas SOPEBU.
*b) Mobilisation citoyenne*
– Boycott des revendeurs illégaux identifiés.
– Pétitions pour exiger la traçabilité des importations.
*c) Solidarité internationale*
– Saisir des ONG comme Transparency International pour enquêter sur les détournements.
*En guise de conclusion*
*”La pénurie de carburant n’est pas une fatalité, mais une stratégie de pillage.”* Tant que les mêmes acteurs contrôleront les devises et les stocks, la population continuera de souffrir.
*Signé*:
Un citoyen anonyme pour la justice economique, Gacurantimba Méthode
*Références clés*
– [IWACU : Pénurie des carburants](https://www.iwacu-burundi.org/penurie-des-carburants-une-crise-qui-se-renforce/) .
– [SOS Médias Burundi : Crise à Cibitoke](https://www.sosmediasburundi.org/2025/01/20/cibitoke-une-crise-de-carburant-qui-paralyse-les-activites/) .
– [Burundi Eco : Discours présidentiels](https://burundi-eco.com/eac-penurie-du-carburant-le-burundi-a-la-traine-dans-les-strategies-dattenuation-de-ses-consequences/) .
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